à Pied, Alpins et Mécanisés

Les chasseurs à pied et la campagne de 1870-1871. Juillet-aout-1870

Les chasseurs à pied et la campagne de 1870-1871

Le chancelier Otto Von Bismarck entend soumettre la France à une situation d’encerclement par la candidature du prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, cousin du roi Guillaume 1er de Prusse, à la tête du Royaume d’Espagne, et l’obliger ainsi à contenir tout réflexe d’agressivité à l’encontre des opérations prussiennes sur les territoires allemands. En effet, renforcé par sa victoire contre l’Autriche à Sadowa en 1866, le chancelier entreprend de fédérer les états de l’Allemagne du Nord autour de la Prusse.

Napoléon III exige le retrait de cette candidature. Le roi de Prusse, Guillaume 1er, tente de répondre favorablement aux intérêts français. C’est finalement l’équivoque fomentée par Bismarck sur la transcription de cette fameuse dépêche d’Ems (renoncement de la candidature du Prince Léopold) le 12 juillet 1870, qui provoque la susceptibilité française : Napoléon III déclare la guerre au royaume de Prusse le 19 juillet 1870.

13 juillet : le roi Guillaume approuve le désistement du prince Léopold mais il refuse catégoriquement de prendre des engagements pour l’avenir. A l’ambassadeur français Benedetti, qui insiste pour obtenir une nouvelle audience, le roi fait répondre « qu’il n’a rien de plus à lui communiquer ».

14 juillet : rappel des réserves françaises. Vices et désordres de la mobilisation. Les portions actives des régiments sont jetées sans leurs réservistes, vers la frontière nord-est, où l’on forme presque au hasard les unités de niveau supérieur (brigades, divisions et corps d’armées), non constituées dès le temps de paix. Pénurie des approvisionnements. Mauvais emplois des chemins de fer. Enormes déchets dans les effectifs. Désarroi de l’administration.

15 juillet : Le roi de Prusse ordonne la mobilisation des forces militaires de la Confédération de l’Allemagne du Nord

16 au 19 juillet : Les Etats du Sud, Bade, Hesse, Bavière et I9 juillet. Wurtemberg, se joignent à la Confédération du Nord et mobilisent leurs troupes.

22 juillet : Les Allemands font sauter le pont de Kehl, sur le Rhin, rive badoise, afin d’interdire aux troupes françaises un passage du fleuve qui aurait été protégé par la forteresse de Strasbourg.

23 juillet : La mobilisation allemande est terminée dans chaque région territoriale de corps d’armée. Les transports de concentration commencent. Trois armées se groupent entre la Moselle à droite, et le Rhin à gauche : à l’ouest, 1re armée, général Steinmetz, à hauteur de Trèves ; à l’est, IIIe armée, prince royal de Prusse, à hauteur de Landau ; au centre et un peu en arrière, IIe armée, prince Frédéric Charles, à hauteur de Kreuznach. Les fonctions de généralissime seront exercées sur place par le roi Guillaume, assisté du chef d’état-major général de Moltke.

24 juillet : Escarmouche de Schirlenhof (au sud de Reichshoffen), entre une reconnaissance du 12e régiment de chasseurs français (cavalerie du 5e corps) et celle du capitaine wurtembergeois von Zeppelin. Là est frappée mortellement la première victime française de la guerre, le maréchal des logis Pagnier, chevalier de la Légion d’honneur, médaillé militaire, du 12e chasseurs.

27 juillet : L’empereur Napoléon III quitte Paris, laissant la régence à l’impératrice Eugénie. Il est accompagné de son fils, le prince impérial.

28 juillet : L’empereur Napoléon arrive à Metz et y prend le commandement de l’armée du Rhin. Péniblement rassemblée, celle-ci comprend sept corps, plus la Garde, éparpillés le long de la frontière, des deux côtés des Vosges, de Belfort à Thionville. Le 6e corps, Canrobert, est encore au camp de Châlons. Effectifs : 260 000 hommes, 900 canons.

2 août : Le roi Guillaume arrive à Mayence et prend le haut commandement des armées allemandes. Effectifs : 460 000 hommes, 1 500 canons. Les Allemands, ne nous voyant pas bouger, vont prendre l’offensive, à la fois sur la Lauter et sur la Sarre.

Reconnaissance et combat de Sarrebrück. En présence de l’Empereur et du prince Impérial, le 2e corps français, général Frossard, chasse facilement de Sarrebrück (rive gauche de la Sarre) les faibles fractions (4 bataillons) de la 31e brigade prussienne (VIIIe corps) qu’y commandait le général major von Gneisenau, habilement secondé par le lieutenant-colonel von Pestel (3 escadrons et une batterie).

Le 2 août, les 3e et 10e BCP sont engagés immédiatement : le 3e dans les premières opérations et le 10e dans les rues de Sarrebrück. Le caporal Pivet du 10e est le premier français à pénétrer dans la ville allemande. C’est l’euphorie et on parle de la « victoire de Sarrebruck ».

Parallèlement, le 18e BCP est engagé dans le secteur de Forbach.

4 août : Invasion de l’Alsace par la IIIe armée allemande.

Bataille de Wissembourg – La 2° division du 1er corps français, général Abel Douay, occupe Wissembourg, sur la Lauter, et plus au sud les hauteurs du Geissberg. Se gardant très mal, elle est surprise par le gros de la IIIe armée (IIe Bavarois, Ve et XIe corps prussiens), prince royal de Prusse. Elle est battue et obligée de reculer sur Woerth. Abel Douay est tué. 7 000 Français contre 40 000 Allemands.

Le 8e BCP et la 7e compagnie du 16e BCP sont présents dans le secteur.

Dans Souvenirs d’un officier de Chasseurs à pied, le capitaine Boissieu écrit : « Ma compagnie est de grand garde le soir (le 28 juillet), à un kilomètre environ du camp sur la lisière du bois ; cela veut dire une nuit sans tente, sans feu et sans sommeil… Nous avons de fréquentes alertes causées par les incursions continuelles des reconnaissances prussiennes sur notre territoire, principalement du côté de Lauterbourg. Rien de plus téméraire que ces pointes de l’ennemi à d’assez grandes distances de la frontière. Le sansgêne avec lequel il les exécute et le soin qu’il met à nous éviter prouve que les Prussiens sont mieux instruits de nos mouvements que nous ne le sommes des leurs. »

Côté Allemands, les trois corps de première ligne de la IIIe armée s’étaient trouvés entrainés, pour des fractions plus eu moins considérables de leurs effectifs, dans une action qui, en se prolongeant, les avait contraints à renoncer sur certains points aux avantages déjà obtenus, tandis que, sur d’autres, on ne se maintenait plus qu’avec peine contre les énergiques attaques des Français.

5 août : L’Empereur donne le commandement supérieur des troupes d’Alsace, 1er, 3e et 7e corps au maréchal de Mac-Mahon ; celui des 2e, 3e et 4e corps, en Lorraine, au maréchal Bazaine. Le 6e corps et la Garde restent sous son commandement direct.

6 août : Bataille de Frœschwiller (Woerth ou Reichshoffen1). Le 1er corps, Mac-Mahon, renforcé de la division Conseil Dumesnil (7e corps), de la division de cavalerie de réserve de Bonnemains, et, à la fin de la journée, de la division Guyot de Lespart (5e corps), est écrasé sur la rive droite de la Sauer par la IIIe armée, prince royal de Prusse, qui a débordé ses deux ailes tout en la contenant de front. Charges infructueuses, mais très meurtrières, des cuirassiers dits « de Reichshoffen » à Morsbronn (brigade Michel) et Elsasshausen (division Bonnemains). Sont tués : général de division Raoult, généraux de brigade Colson et Maire. 46 000 Français contre 123 000 Allemands. Suite et conséquences de cette défaite : les troupes d’Alsace reculent précipitamment jusqu’au camp de Châlons. La IIIe armée allemande franchit les Vosges et marche vers la Sarre et la Moselle, mais très lentement et en s’éclairant mal ; elle tend, la main par sa droite à la IIe armée.

Les 1er, 8e, 13e, 17e et 19e BCP sont engagés dans ces difficiles combats.

Au cours de la deuxième attaque des hauteurs d’Elsasshausen, les bataillons prussiens se heurtent contre la brigade Lefebvre, renforcée maintenant du 8e bataillon de chasseurs ; le feu de nos chassepots les cloue sur place : deux régiments, dont les colonels ont été mis hors de combat, tourbillonnent en désordre, et il faut l’intervention énergique d’un nouveau régiment, celui des grenadiers du roi, pour les soustraire à un écrasement complet.

La 41e brigade du Ve corps se porta sur le Bruck-Mühle, où se trouvait le 1er bataillon de chasseurs français, qui avait, une heure avant, chassé de ce point les avant-postes ennemis. Profitant de sa supériorité numérique, qu’augmentait encore la présence de quelques compagnies d’avant-postes, la 41e brigade se rua sur ce brave bataillon, qui, malgré sa faiblesse, ne recula pas d’un mètre, soutenant à lui tout seul ce combat inégal où tombèrent, glorieusement frappés, son chef, le commandant Bureau, et deux capitaines. Mais il ne pouvait pas prolonger indéfiniment cette résistance héroïque : bientôt débordé, il dut céder la place, et l’ennemi franchit immédiatement la Sauer.

Egalement, le 17e BCP se trouve dans le secteur de Reichshoffen et le 16e BCP sur Niederbronn-les-Bains.

Enfin, à Spicheren, les 3e, 10e et 12e BCP se battent bravement contre des forces importantes.

Nos troupes sont harassées de fatigue, épuisées et découragées, elles faiblissent ; mais leur défaillance ne dure pas. « Un vigoureux retour offensif, que le général Valazé fait opérer par le 55e de ligne, nous remet en possession du terrain perdu et du bois en avant où le commandant Millot, avec un bataillon de cette troupe, se cramponne énergiquement. En même temps, le 3e bataillon de chasseurs, soutenu par un bataillon du 76e de ligne, reprend les taillis qui bordent, à droite, la route de Sarrebruck. L’ennemi éprouve des pertes énormes, les nôtres sont considérables aussi… »

1Les noms de bataille inscrits entre parenthèses sont ceux admis couramment en Allemagne.

L’élan irrésistible du 10e BCP à Spicheren

8 août : Bombardement de Bitche par une batterie de campagne du IIe corps bavarois. Défenseur : chef de bataillon Teyssier. Un détachement du 14e BCP est à Bitche.

9 août : se trouvent à Strasbourg le dépôt du 13e BCP et 2 compagnies du 1er BCP, 7e compagnie du 16e BCP.

11 août : Commencement de l’investissement de Strasbourg d’abord par la division badoise von Beyer et les garnisons des places rhénanes. S’y joignent les jours suivants : la division de landwehr de la garde von Loen, la 1re division de réserve von Tresckow I, le tout aux ordres du lieutenant général von Werder. Effectifs allemands : 60,000 hommes. Défenseur : général de division Uhrich ; effectifs français : 23 000 hommes armés.

12 août : Le maréchal Bazaine est nommé commandant en chef de l’armée du Rhin (réunie sous Metz) : 2e, 3e, 4e corps et Garde, plus le 6e corps, qui arrive en grande partie. Total : 180 000 rationnaires. Bazaine exerce ce commandement à partir du lendemain 13.

La retraite sur Verdun est résolue. Elle doit commencer le lendemain 14 en deux grosses colonnes à partir de Gravelotte : 1e cavalerie de Forton, 2e, 6e corps et Garde au sud, route Gravelotte-Mars-la-Tour ; 2e cavalerie du Barail, 3e et 4e corps au nord, route Gravelotte-Conflans.

14 août : Bataille de Borny (Colombey-Nouilly), engagée inopinément par l’avant-garde (26e brigade, de Goltz) de la 1re armée, et livrée pendant que l’armée française se portait sur la rive gauche de la Moselle. 60 000 Français des corps Decaen et Ladmirault contre 60 000 Allemands de la Ire armée et fractions de la IIe armée commandés par Steinmetz. L’ennemi est repoussé, mais il nous a fait perdre une journée durant laquelle ses autres corps nous devancent et se portent vers les routes de Verdun pour nous couper la retraite. Le général Decaen est tué.

Les chasseurs à pied s’illustrent dans les combats de Borny (5e BCP), du bois de Colombey (15e BCP), de Noisseville (20e BCP) et de Montoy (11e BCP).

Les Allemands se précipitent sur le petit bois de sapins qui borde le chemin vers son milieu ; ce bois était depuis le commencement de la bataille défendu avec un admirable courage par le 15e bataillon de chasseurs, et tous les efforts de la brigade de Goltz étaient venus s’y briser. Se voyant assailli à la fois de front et de flanc, le 15e bataillon recule et laisse les fantassins du général Osten-Sacken prendre pied dans le taillis. Mais ce succès est de courte durée ; nos chasseurs reviennent bien vite à la charge ; les 41e et 11e criblent le bois de projectiles, si bien que, « battues de trois côtés par le feu de l’ennemi, les compagnies qui l’occupent sont refoulées avec de grandes pertes, et viennent se heurter, dans leur retraite précipitée, au 2e bataillon du 13e de ligne qui les suivait et dont elles arrêtent du même coup le mouvement ».

16 août : L’Empereur quitte Metz. – Il est accompagné de son fils et escorté par la brigade Margueritte, des chasseurs d’Afrique ; il se rend au camp de Châlons en passant par Etain et Verdun.

Bataille de Rezonville (Vionville – Mars-la Tour). – Le matin du 16, notre colonne du Sud, 2e, 6e corps et Garde, est au repos entre Vionville et Gravelotte ; elle attend que la colonne de gauche, retardée par la bataille du 14, arrive à sa hauteur. Elle est inopinément heurtée dans son flanc gauche par le IIIe corps allemand et les 6e et 3e divisions de cavalerie, lieutenant-général von Alvensleben II. Célèbres charges de cavalerie : 1° françaises, cuirassiers de la Garde et division Legrand ; 2° allemandes, brigade Redern, brigade Bredow, dragons de la garde.

Nous ne savons pas profiter de notre grande supériorité numérique, des débuts surtout. Les autres corps ennemis, Xe devant notre droite, moitié des IXe et VIIIe devant notre gauche, arrivent successivement, ainsi que Frédéric-Charles de sa personne, au secours d’Alvensleben.

La nuit venue, les deux armées adverses bivouaquent, avant d’avoir obtenu un résultat décisif, le long de la route, depuis Gravelotte jusqu’à Mars-la-Tour, les Français face au sud, les Allemands face au nord. 133 000 Français contre 90 000 Allemands. Tués : général de division Legrand, généraux de brigade de Brayer et Marguenat.

Dans la nuit du 16 – 17, Bazaine prescrit à l’armée, contre toute attente, d’évacuer le champ de bataille pour venir prendre position en arrière, entre la Mance et le ruisseau de Châtel. Le maréchal prétexte le besoin d’évacuer les blessés sur Metz et de ravitailler l’armée en vivres et en munitions.

Dans ces actions difficiles, nous trouvons les chasseurs dans ces secteurs : 3e, 9e, 10e, 11e, 12e, 14e et 20e BCP, Bataillon de la Garde.

17 août : Constitution de l’armée de Châlons : 4 corps, 1er, 5e, 7e et 12e, plus les deux divisions de cavalerie de réserve Margueritte et Bonnemains ; le maréchal de Mac-Mahon en est le commandant en chef. Bazaine est nommé généralissime des armées impériales et Trochu devient gouverneur militaire de Paris. Cette armée de Châlons doit en principe chercher à rejoindre Bazaine à Metz.

Dans le secteur de Metz et dans des combats morcelés, les chasseurs à pied présentent une résistance ferme et sans concession face à l’ennemi : Armanvillers (2e, 5e et 20e BCP), ferme de Moscou (11e BCP), ferme du Point-du-Jour (3e BCP), Saint-Privat (9e BCP).

18 août : Bataille de Saint-Privat (Gravelotte-Saint-Privat). – La veille, les Ire et IIe armées allemandes se sont concentrées presque tout entières sur le champ de bataille du 16. Le roi Guillaume et de Moltke les dirigent face au nord à la recherche de l’armée française dont elles ont perdu le contact, puis ils les rabattent à droite quand ils nous découvrent sur les hauteurs au delà de la Mance. La Ire armée, Steinmetz, échoue devant notre gauche à Gravelotte, mais la IIe, Frédéric-Charles, réussit à Saint-Privat à déborder et à écraser, à la fin de la journée, notre aile droite, corps Canrobert, que Bazaine ne secourt pas et laisse manquer de munitions. 140 000 Français contre 200 000 Allemands. Fameux assauts de l’infanterie de la garde prussienne contre Sainte-Marie-aux-Chênes et Saint-Privat, défendus par le corps Canrobert. Recul de l’armée française sous les forts de Metz ; abandon implicite du projet de marche vers Verdun.

A noter que l’attaque de la garde prussienne sur Saint-Privat est exécutée trop tôt et l’échec est total. Elle coûte à la garde prussienne 6 500 hommes et 240 officiers.

Juste après le 9e Bataillon et le 10e de ligne, rassemblant 7 000 hommes, se trouvent face à 22 bataillons ennemis. Roncourt croule sous les obus et c’est tout simplement intenable. Le 4e de ligne se jette dans la fournaise et arrête l’offensive des Saxons. Nos troupes sont dans l’obligation d’évacuer le village avec « une habileté extraordinaire » et prennent une position interdisant toute action aux Saxons tant que Saint-Privat n’est pas enlevé.

À 22h00, le soleil se couche. Le village de Saint-Privat est pris, mais les gains territoriaux prussiens sont moindres. Aucun objectif n’a été rempli. Qui plus est, le fleuron de l’armée prussienne, la garde impériale, a été décimée.

Les 2e et 9e BCP ont fait le maximum de qu’il était humainement possible de réaliser dans cette bataille.

21 août : L’armée de Châlons quitte Reims et marche vers l’Argonne et la Meuse, à la rencontre de Bazaine. Effectif : 140 000 hommes. Mac-Mahon a pris cette décision à la réception d’une dépêche de Bazaine datée du 19, l’informant que l’armée de Metz se dispose à marcher vers les places du nord, direction de Montmédy.

26 août : Les IVe et IIIe armées allemandes font à droite et marchent face au nord, des deux côtés de l’Argonne. La veille, elles formaient face à l’ouest deux gros échelons qui marchaient vers Châlons et Paris : 1° la IVe à droite, sur l’Aire ; 2° la IIIe à gauche et en avant, à hauteur de Vitry. Les indiscrétions de la presse française, puis la cavalerie d’exploration, décèlent la marche de Mac-Mahon sur leur flanc droit. Elles font alors à droite, la IVe armée devenant échelon avancé entre l’Aire et la Meuse. Elles vont essayer de couper les devants, sur l’une ou l’autre rive de la Meuse, à l’armée de Châlons.

Marche ondoyante de Mac-Mahon : lenteurs causées par l’indiscipline et l’inexpérience des troupes, par la mauvaise administration et par les hésitations ou erreurs du commandement.

29 août : Combats de Nouart-Bois-des-Dames, entre le corps de Failly en marche pour Stenay et le XIIe corps, prince Georges de Saxe, arrivant dans notre flanc droit entre l’Argonne et la Meuse. De Failly se replie au nord à travers bois, par une nuit orageuse et très noire, pour atteindre Beaumont. Les Allemands nous suivent à notre insu.

Les 4e, 14e et 19e BCP se battent avec détermination dans le ses secteurs de Belval-Bois-des-Dames.

Les chasseurs à pied engagent le feu avec précision ce qui sera un atout majeur contre l’ennemi qui subira de lourdes pertes à chaque bataille et combat de rencontre.

30 août : Bataille de Beaumont et combat de Warniforêt, entre le corps de Failly, la division Conseil-Dumesnil, du 7e corps, et des fractions du 12e corps, d’une part ; la IVe armée, prince royal de Saxe, et le 1er bavarois (IIIe armée) d’autre part. Le corps de Failly a été surpris dans ses bivouacs en plein jour, à midi : il est désorganisé ; ses débris passent la Meuse en désordre à Mouzon, sous la protection peu efficace du 12e corps, qui est depuis la veille sur la rive droite. La division Conseil-Dumesnil, très éprouvée, est poursuivie par le Ier bavarois ; elle rejoint vers Raucourt son commandant de corps, Félix Douay, qui n’a pas jugé à propos d’intervenir dans la bataille livrée à quelques kilomètres sur sa droite. 30 000 Français contre 70 000 Allemands. Tué : général de brigade Morand.

A Beaumont-en-Argonne, les 1er, 4e, 8e, 13e, 14e et 19e BCP sont engagés face des effectifs ennemis très nombreux et font face.

Dans la nuit du 30-31, toute l’armée française réussit à franchir la Meuse, tant à Mouzon qu’à Villers, Remilly et Torcy. Elle est hors d’état de combattre ; le 7e corps s’est enfui pour son compte jusqu’à Sedan. Mac-Mahon, déjà à Carignan avec les 3 autres corps, renonce au mouvement vers Metz et se replie sur Sedan par les deux rives du Chiers : il ignore la vraie situation et croit n’avoir à sa suite que des forces numériquement inférieures aux siennes.

Les chasseurs à pied de la Garde

31 août : Bataille de Noisseville (Servigny-Sainte-Barbe). – Bazaine renouvelle mollement sa tentative du 26. Il veut faire sa trouée par le plateau de Sainte-Barbe, à l’est, puis se rabattre de là au nord. Mesures préliminaires négligées ou mal prises : nous ne pouvons percer le premier jour.

Pendant la nuit, les Allemands de la rive gauche (IIe armée) traversent la Moselle en amont et en aval, renforcent Steinmetz et Manteuffel (Ire armée) sur leurs deux flancs, et menacent nos propres ailes. Bazaine ordonne la retraite sous le canon du camp retranché.

Tué le 31 : général de division Manèque.

Les chasseurs à pied sont engagés sur tous les fronts : à Servigny-Noisseville (2e, 5e, 11e et 18e et 20e BCP), à Flanville (12e BCP), à Malroy (9e BCP), et, bien entendu, à Sedan (1er, 4e, 6e, 8e, 13e, 14e, 16e, 17e et 19e BCP).