3 novembre :
Investissement de Belfort par le général major von Tresckow, d’abord avec la 1e division de réserve et fractions de la 4e, plus tard renforcées par le gros de la 4e et les bataillons de landwehr du général-major Debschitz.
Défenseurs : colonel du génie Denfert-Rochereau, 17 500 hommes de garnison.
Plébiscite parisien. — 560 000 oui contre 60 000 non se prononcent pour lé maintien des pouvoirs du Gouvernement de la Défense nationale.
Le gouverneur emploie les jours suivants à réorganiser les forces militaires en trois armées distinctes :
1° garde nationale, général Clément Thomas ;
2° armée active proprement dite, général Ducrot, destinée aux grandes sorties ;
3° mobiles, général Vinoy, affectée aux diversions. Il y a en plus le corps de Saint-Denis, vice-amiral la Roncière le Noury.
Le gouverneur et Ducrot préparent minutieusement une grande sortie par la Basse-Seine, rive droite. Leur projet sera modifié, sous la pression de l’opinion publique, à la nouvelle du succès de Coulmiers : l’armée de sortie (Ducrot) se reportera alors de l’ouest à l’est, de Gennevilliers à Charenton-Vincennes, afin de tendre plus directement la main à l’armée de la Loire qu’on suppose arriver par Fontainebleau.
7 novembre :
Combat de Vallière (lisière est de la forêt de Marchenoir). — Petit succès d’avant-garde remporté par Chanzy (16e corps) avec la brigade d’infanterie Bourdillon et la brigade de cavalerie Abdelal (16e corps), contre la 2e division de cavalerie, lieutenant-général von Stolberg, soutenue par des fractions d’infanterie du Ier bavarois (IIIe armée).
Les chasseurs à pied se battent à Saint-Laurent des Bois (3e BCPM)
8 novembre :
Les Bataillons de marche défendent le secteur de Coulmiers (2e, 3e, 5e, 6e et 7e BCPM)
Création du 11e BCPM à Rennes et du 15e BCPM à Besançon.
9 novembre :
Bataille de Coulmiers. — D’une part, le général d’Aurelle de Paladines avec deux divisions de chacun des 15e et 16e corps, et la forte division de cavalerie Reyau, soit 65 000 hommes ; d’autre part, von der Thann, avec son Ier corps bavarois et la 2e division de cavalerie, soit 22 000 hommes. Les Bavarois sont battus ; mais notre victoire n’est pas décisive parce que la cavalerie Reyau restant inactive, nous ne poursuivons pas. Von der Thann a évacué Orléans ; il rétrograde au nord sur les routes de Paris.
Le grand état-major le fait recueillir par le grand-duc de Mecklembourg, qui amène, en outre, les 17e et 22e divisions d’infanterie, les 4e et 6e divisions de cavalerie, et prend le commandement supérieur de la subdivision d’armée ainsi formée.
Coulmiers (6e BCPM)
10 novembre :
Capitulation de Neuf-Brisach. — Le mauvais vouloir de la garnison, bien plus que le bombardement, décide le lieutenant-colonel Lostie de Kerhor à rendre la place à la 4° division de réserve, général-major von Schmeling.
Les troupes françaises réoccupent Orléans. — C’est la seule sanction de notre victoire de Coulmiers.
Villorceau (13e BCPM)
Création du 12e BCPM à Rennes.
14 novembre :
D’Aurelle de Paladines est nommé général en chef de l’armée de la Loire, en récompense de son succès de Coulmiers. — L’accord entre la Délégation et le général dure peu : la Délégation aurait voulu profiter de la victoire pour marcher aussitôt sur Paris ; d’Aurelle ne croit pas que cela soit possible. Il s’immobilise dans un vaste camp retranché qu’il organise autour d’Orléans.
La délégation forme successivement les 18e et 20e corps à droite ; le 17e et plus tard le 21e à gauche. Effectifs sur la Loire à la fin du mois : environ 200 000 hommes.
Création du 19e BCPM à Rennes.
14 au 15 novembre :
Surprise des Allemands à Viabon (au nord-est du 14-15 de Châteaudun, route Chartres-Artenay). — Le colonel Lipowski (ancien lieutenant au 10e BCP), avec deux compagnies de francs-tireurs et un peloton de chasseurs, surprend cette localité, quartier général de la 4° division de cavalerie, occupée par un régiment de uhlans et 2 bataillons d’infanterie. L’infanterie ennemie s’échappe en se débandant, mais les cavaliers sont presque tous capturés. Le commandant de la division, prince Albrecht, est lui-même serré de si près qu’il abandonne tous ses papiers dans son logement.
16 novembre : Création du 20e BCPM à Boulogne-sur-Mer.
A de Neuville – Eclaireurs d’avant-garde
A noter que le soldat assis devant la barque regardant dans notre direction est un chasseur à pied
17 novembre :
Combats de Dreux et Levaville — Ne nous voyant pas, après Coulmiers, marcher sur Paris, le grand duc de Mecklembourg a repris l’offensive vers l’ouest, nous croyant passés de ce côté. Il escarmouche avec les bandes encore mal organisées du général Fiéreck (futur 21e corps), que ce dernier fait rayonner à très grande distance autour du Mans. Il va les refouler dans une série de combats successifs, à la suite desquels nos soldats improvisés abandonnent invariablement le terrain.
Combat de Landelles (8e BCPM)
18 novembre :
Combat de Châteauneuf, entre les bandes Fiéreck et le gros des forces du grand-duc.
Combats de Bonneval et Illiers (sur le Haut-Loir), entre les bandes Fiéreck et la 4e division, prince Albrecht.
19 novembre :
Surprise des Allemands à Châtillon-sur-Seine. Coup de main heureux exécuté contre les troupes d’étapes du colonel von Lettgau, un bataillon de landwehr et un escadron de hussards de réserve, par la brigade Ricciotti Garibaldi (du corps d’Autun), dans le but de détourner l’attention des Allemands de l’attaque préparée contre Dijon par le général Garibaldi, alors à Autun avec trois autres brigades. Les Allemands perdent 200 prisonniers.
20 novembre : Création du premier 22e BCPM à Montreuil, près de Paris.
Mobiles et chasseurs à pied combattant l’ennemi
21 novembre :
Combats de la Fourche (au nord de Nogent-le-Rotrou), entre les bandes Fiéreck et le gros du 1er corps bavarois, lieutenant-général von der Thann.
Combat de la Madeleine (au nord de Nogent-le-Rotrou), entre les bandes Fiéreck et la 17e division prussienne, von Tresckow I.
Combat de Bretoncelles (au nord de Nogent-le-Rotrou), entre les bandes Fiéreck et la 22e division, von Wittich, renforcée par des fractions de la 6e division de cavalerie.
Bretoncelles (8e BCPM)
Création du 13e BCPM à Rennes et du 14e BCPM à Auxonne.
22 novembre :
Combats de la Ferté-Bernard entre les bandes Fiéreck, d’une part ; des fractions de la 5e division de cavalerie et la 3e brigade d’infanterie bavaroise, général-major von Schumacher, d’autre part.
Combat de Bellême (route de Nogent-le-Rotrou à Alençon), entre les bandes Fiéreck et la 34e brigade allemande, colonel von Manteuffel.
Les jours suivants, Mecklembourg, enfin mieux éclairé sur l’emplacement de la véritable armée de la Loire, revient vers l’est et fait sa jonction à Toury et Janville avec Frédéric-Charles, lequel prend ainsi, avec environ 110 000 soldats aguerris, la direction supérieure des opérations contre d’Aurelle.
23 novembre :
Les chasseurs à pied sont engagés devant Orléans (4e, 5e et 6e BCPM, une compagnie du 2e BCPM et une du 17e BCPM), à Patay (3e, 7e et 8e BCPM), à Blois (1er, 9e et 11e BCPM), sur la route de Pithiviers (9e et 12e BCPM).
Création du 21e BCPM à Saint-Denis.
24 novembre :
Combats de Chilleurs et Neuville-aux-Bois (débouchés nord de la forêt d’Orléans). — La IIe armée allemande, Frédéric-Charles, venant de Metz à l’appui du grand-duc de Mecklembourg, arrive sur le Loing et se dirige par Montargis, Beaune et Pithiviers à la rencontre du grand-duc. Les troupes avancées de la 1e division du 15e corps français, général Martin des Pallières, se heurtent aux avant-gardes et flanc-gardes du IIIe corps allemand, Alvensleben II.
Combats de Ladon et Maizières (débouchés ouest de la forêt d’Orléans), entre les têtes de colonne du 20e corps, général Crouzat, et les flanc-gardes du Xe corps, général von Voigts-Rhetz, en marche de Montargis vers Beaune. Résultats insignifiants.
Combat de Mézières (route d’Amiens à Roye). — La petite armée française organisée dans le Nord veut défendre la ligne de la Somme : elle se porte sur la rive gauche et au sud, de façon à protéger Amiens. Composition : la garnison d’Amiens, Paulze d’Ivoy, et les trois brigades Lecointe, Derroja et du Bessol. Total : 26 000 hommes que commande par intérim le chef d’état-major, général Farre, en attendant l’arrivée du général Faidherbe, appelé de Constantine. Une reconnaissance, conduite par le général du Bessol, refoule sur Roye l’avant-garde du VIIIe corps allemand, colonel von Lûdéritz.
Les chasseurs à pied sont à Bouchoir et au Quesnel (20e BCPM).
Capitulation de Thionville. — Défenseurs : colonel Turnier, 4 200 hommes. Assaillants :: lieutenant-général von Kameke, avec sa 14e division d’infanterie et des fractions de la 3° division de réserve.
25 novembre :
Le 61e prussien se heurtent aux chasseurs à pied à Boves et se font refouler (1er et 20e BCPM).
26 novembre :
Combat de Moreuil (route d’Amiens à Montdidier). — La 30° brigade allemande, général-major von Strubberg, refoule vers la Luce les avant-postes de notre armée du Nord.
Les chasseurs opposent une vive résistance à l’ennemi à la ferme de Paraclet près de Fouencamps (1er BCPM), à Villers-Bretonneux puis à Hébécourt (2e BCPM), à Pont-Noyelles (18e BCPM), à Pont-de-Metz (19e BCPM) et à Gentelles et à Cachy (20e BCPM).
Le capitaine JAN (Jules) du 18e BCPM, frère du commandant du 18e BCPM, JAN (Jean–Louis), tué à Boves, le 26 novembre précédent, trouva une mort glorieuse à la tête de sa compagnie (la 6ème).
On lit à ce sujet dans la Revue des Deux-mondes (numéro du 15 août 1873), sous la rubrique : “la France du Nord, de M. Ch. LOUANDRE” :
« Un officier de Chasseurs à pied, la capitaine JAN, suivi de vingt-cinq hommes de bonne volonté, fit subir aux Prussiens, dans l’attaque de Pont-Noyelles, des pertes considérables eu égard à la faiblesse de son détachement.
Ses deux frères avaient été tués à Boves et à Dury ; il résolut de les venger et il tint parole. Il s’empara de plusieurs maisons à la baïonnette, et pas un des Allemands qui les défendaient n’en sortit. La propriétaire de l’une de ces maisons nous disait que les Chasseurs avaient fait chez elle un si grand massacre, qu’en y rentrant, après le combat, elle vit que le sang y avait coulé par terre comme si l’on eût défoncé un baril de cidre. Le capitaine JAN se fit tuer avec la plupart de ses hommes. »
Les deux frères JAN (le commandant et le capitaine, étaient tous deux des évadés de Metz, où ils servaient au 12e de ligne, le premier comme capitaine et le second en qualité de sous-lieutenant.
Nous ignorons ce qu’était le troisième (celui tué à Dury, le 27 novembre).
Création du 17e BCPM à Douai et du second 22e BCPM à Cherbourg.
27 novembre :
Bataille d’Amiens (Villers-Bretonneux). — La petite armée du Nord, aux ordres du général Farre, protège Amiens, conjointement avec la garnison de cette ville, général Paulze d’Ivoy. Avec le gros des Ier et VIIIe corps et de la 3e division de cavalerie, Manteuffel presse sur nos deux ailes et les chasse de Villers-Bretonneux à notre gauche, de Dury à notre droite. Bataille restée indécise. Néanmoins, Farre ordonne la retraite, laquelle s’effectue la nuit par Corbie et Amiens vers les places du Nord ; les Allemands ne s’aperçoivent de notre mouvement rétrograde que dans la matinée du lendemain 28. 26 000 Français contre 35 000 Allemands.
Les Bataillons poursuivent leurs efforts contre les Allemands à la ferme de Paraclet près de Fouencamps (1er BCPM), puis à Saint-Fuscien et à Cagny (1er BCPM) ; à Villers-Bretonneux puis à Hébécourt (2e BCPM) ; à Dury (2e et 17e BCPM) ; à Boves (18e BCPM) ; à Pont-de-Metz (19e BCPM) ; à Gentelles et à Cachy (20e BCPM).
28 novembre :
Bataille de Beaune-la-Rolande. — La Délégation a décidé de faire marcher l’armée de la Loire à la rencontre de Ducrot (armée de Paris), par Pithiviers et Fontainebleau.
L’aile droite, 18e et 20e corps, sous le commandement supérieur de Crouzat, commence la manœuvre et attaque le Xe corps, von Voigts-Rhetz, solidement retranché dans Beaune. Crouzat obtient quelques succès à Beaune même, avec son 20e corps, mais il est mal secondé à sa droite par le 18e corps, mal protégé sur son flanc gauche par Cathelineau et des Pallières. Frédéric-Charles renforce, avec le IIIe corps et la lre division de cavalerie appelés de Pithiviers, l’aile droite de Voigts-Rhetz, qui alors menace de tourner l’aile gauche de Crouzat. Celui-ci doit céder et reculer vers les lisières de la forêt d’Orléans. 50 000 Français contre 25 000 Allemands.
Lorcy (9e BCPM)
30 novembre :
Reddition de la citadelle d’Amiens. — Le commandant, capitaine Vogel, ayant été tué d’une balle sur les remparts, l’officier de mobiles qui le remplace, commandant Woirhaye, remet la citadelle au lieutenant-général von der Gröben.
Escarmouches de Maizières, Boiscommun, Nancray, aux débouchés de la forêt d’Orléans, entre les arrière-gardes de Crouzat et les reconnaissances des vainqueurs de Beaune.
Combats de Thiais-Choisy-le-Roi-la Gare-aux-Bœufs. — Diversion exécutée par la division Pothuau, de la 3e armée, contré la 11e division allemande, lieutenant-général von Gordon.
Combat de Montmesly-Créteil.— Diversion, pour nous très meurtrière, exécutée par la division Susbielle, détachée du 2e corps (2e armée), contre des fractions du IIe corps et de la division wurtembergeoise dirigées par le général von Fransecky. Tué : général de brigade Ladreit de la Charrière.
Combat d’Epinay-les-Saint-Denis. — Diversion heureuse exécutée par la brigade Hanrion et dirigée par le vice-amiral la Roncière le Noury contre la 8e division allemande, lieutenant-général von Schöler. La nouvelle de ce petit succès est transmise à la légère dans les départements, où l’on croit dès lors à une victoire remportée par Ducrot à Epinay, près Longjumeau, sur les routes d’Orléans, d’où fâcheuse précipitation des armées de la Loire dans leurs mouvements vers Paris.
Bataille de Villiers-Coeuilly.— L’armée de Ducrot sort de Paris et marche au-devant des armées de la Loire : elle veut percer la ligne d’investissement dans le secteur entre Marne et Seine ; les deux rivières protégeront ainsi ses deux flancs. Le 30, à Joinville, laborieux passage, manqué la veille, du gros des troupes : aussi l’ennemi est en éveil. Le gros de la division wurtembergeoise et du corps saxon, prince Georges de Saxe, arrête, sur les positions organisées des parcs de Villiers et de Coeuilly, l’attaque de front de nos 1er et 2e corps, tandis que le 3e corps, d’Exea, reste d’abord inactif, puis n’exécute pas la manœuvre tournante par Noisy, qui lui a été ordonnée. Nous bivouaquons sur la position de Champigny-Bry occupée le matin par les avant-postes ennemis, mais la grande opération projetée est manquée.
70 000 Français contre 40 000 Allemands. Tué : général de division Renault, commandant le 2e corps.