Septembre 1870
31 août – 1er septembre : Bataille de Noisseville (Servigny-lès-Sainte-Barbe)
Metz. 1er sept. — Bazaine renouvelle mollement sa tentative du 26. Il veut faire sa trouée par le plateau de Sainte-Barbe, à l’est, puis se rabattre de là au nord. Mesures préliminaires négligées ou mal prises: nous ne pouvons percer le premier jour.
Pendant la nuit, les Allemands de la rive gauche (IIe armée) traversent la Moselle en amont et en aval, renforcent Steinmetz et Manteuffel (Ire armée) sur leurs deux flancs, et menacent nos propres ailes. Bazaine ordonne la retraite sous le canon du camp retranché. Tué le 31 : général de division Manèque.
Le 1er septembre : 100 000 Français contre 70 000 Allemands.
Bazaine renonce à tenter dorénavant de grandes sorties : il n’autorise plus que des actions partielles, des opérations secondaires de ravitaillement, des fourrages.
Les chasseurs ont été engagés dans les secteurs suivants : à Servigny-Noisseville (2e, 5e, 7e, 11e, 18e et 20e BCP), à Flanville (12e BCP) et à Malroy (9e BCP).
1er septembre : Bataille de Sedan. – 123 000 Français contre 230 000 Allemands. L’armée de Mac-Mahon, entassée sous Sedan, y est écrasée entre les armées allemandes, qu’y amènent le roi de Prusse et de Moltke, IVe armée par la rive droite, IIIe armée par la rive gauche de la Meuse. La droite de la IIIe armée, Bavarois, nous contient au sud, à Bazeilles, pendant que ses autres corps franchissent la Meuse à Donchery pour nous barrer à l’ouest l’espace entre la rivière et la frontière belge; la IVe armée exécute à l’est une opération analogue le long de la Givonne. Toutes deux se donnent la main au calvaire d’Illy : le cercle est fermé. Commandements successifs de Mac-Mahon, de Ducrot, de Wimpfen : bataille sans direction ni but. L’empereur ordonne de négocier : il écrit au roi de Prusse pour se déclarer son prisonnier. Suspension du feu pendant les négociations. Tués : généraux de division Margueritte et Guyot de Lespart ; généraux de brigade Tilliard, Girard, Liédot.
Les chasseurs à pied font feu de tout bois (1er, 4e, 6e, 8e, 13e, 14e, 16e, 17e et 19e BCP ainsi que les 7e compagnies des 2e et 20e BCP).
A retenir : une tentative héroïque de percée sur Balan est organisée aux ordres du commandant de Marqué, héros du Mexique, avec 70 chasseurs du 4e BCP, les survivants des 6e, 16e, 17e et 19e BCP. Les chasseurs à pied représentent l’effectif le plus important dans ce détachement hétéroclite. Dès le signal donné, un pas de course imprimé par les chasseurs, entraîne la furia francese sur l’ennemi. Le général de Wimpffen court parmi les 2 000 combattants de la dernière chance. Les Bavarois se font balayer. Les chasseurs avancent sous une pluie de balles qui n’entame en rien le rythme de leur progression. Le village est enlevé et la défense s’organise. Les Bavarois et les Saxons tentent plusieurs offensives mais échouent.
L’artillerie allemande intervient mais n’arrive pas déloger les Français.
Pour reprendre le village, cet ennemi courageux doit attendre que nos glorieux héros se retirent de Balan après épuisement des munitions.
Pendant le repli, le commandant de Marqué tombe alors qu’il sauve quelques-uns de ses chasseurs des mains de l’ennemi.
2 septembre : Capitulation de Sedan conclue dans la matinée entre Wimpffen et de Moltke : toute l’armée est prisonnière de guerre. En attendant son évacuation sur les forteresses de l’Allemagne, elle est entassée dans la presqu’île d’Iges.
L’empereur, captif, part pour Wilhemshöhe, près Cassel, en traversant la Belgique.
Les jours suivants, les IIIe et IVe armées allemandes reprennent tranquillement cette marche vers Paris qu’elles ont interrompue le 26 août.
4 septembre : A la nouvelle des événements de Sedan, Proclamation de la République à Paris ; dissolution des Chambres ; fuite de l’Impératrice-Régente en Angleterre. Les députés de Paris s’érigent eux-mêmes en un Gouvernement de la Défense nationale dont le général Trochu accepte la présidence, tout en restant gouverneur de Paris et commandant des forces militaires.
17 septembre : Arrivée des IIIe et IVe armées allemandes sous Paris et commencement de l’investissement.
La IIIe armée tiendra la rive gauche de la Marne et de la Seine, depuis Noisy-le-Grand jusqu’à Saint-Germain, en passant par Villeneuve-Saint-Georges et par Versailles ; la IVe, rive droite, s’étendra à l’est et au nord, depuis Noisy-le-Grand jusqu’à la boucle d’Argenteuil-Saint-Germain et Croissy, par le Raincy-Bondy-hauteurs de Montmorency.
Effectifs allemands au début : 130 000 hommes.
Effectifs des défenseurs : 330 000 hommes armés, dont 90 000 de troupes actives, 133 000 mobiles, 320 000 gardes nationaux sédentaires, corps francs, etc. Deux corps d’armée à peu près complètement organisés : 13e, général Vinoy et 14e, général Renault.
Le 13e corps est constitué entre autre des 7es compagnies des 5e, 7e, 8e, 15e, 18e et 19e BCP. Elles sont réparties deux par deux dans chacune des trois divisions de ce corps. Les chasseurs se sont illustrés aux combats de Faissault et Novion-Porcien pendant la retraite de Sedan à Paris. Leur tenue et leur discipline impressionnent le général Vinoy au point qu’il rend hommage aux chasseurs.
19 septembre : Combat de Châtillon entre le 14e corps français, général Renault, dirigé par Ducrot, et le prince royal de Prusse, qui engage le Ve corps, le IIe bavarois et la 2e division de cavalerie. Ducrot a voulu contrarier la longue marche de flanc qu’exécute la IIIe armée, de Villeneuve vers Versailles, mais il n’a que des moyens insuffisants. Défaite française ; abandon des redoutes de Châtillon, des Hautes-Bruyères et du Moulin-Saquet, et retraite précipitée derrière la fortification permanente. Le gouvernement et la population craignent un assaut immédiat auquel ne songent nullement les Allemands, qui se contentent de fortifier leurs positions d’investissement.
Six divisions de cavalerie allemande (de la Garde, 2e, 4e, 3e, 6e et 12e), appuyées par des fractions d’infanterie, rayonnent à grande distance autour de Paris, afin de protéger l’investissement contre les tentatives de l’extérieur.
Positions des unités françaises et des unités bavaroises au cours des combats du Petit-Bicêtre et de Chatillon, le 19 septembre 1870 [carte au 25 000e]
Du 17 au 23 septembre 1870, les 7es compagnies des 3e, 4e, 6e, 9e, 12e et 14e BCP ainsi que les deux compagnies du Bataillon de la Garde se distinguent aux affaires de Bonneuil (sud-est de Créteil), du Bas-Meudon et de Châtillon.
21 septembre : le 7e BCP exécute un coup de main à Nouilly pour du fourrage.
22 septembre : le 15e BCP exécute un coup de main à La Grange-aux-Bois pour du fourrage.
22-23 septembre : Combats heureux de Villejuif engagés par Vinoy sept. avec la division Maud’huy contre les troupes avancées du VIe corps, 12e division, lieutenant-général von Hoffmann.
Nous réoccupons les Hautes-Bruyères et le Moulin-Saquel, prématurément évacués le 19.
Les 7es compagnies des 3e, 4e, 6e, 9e, 12e et 14e BCP se distinguent une nouvelle fois.
26 septembre : le 9e BCP exécute un coup de main à Maxes pour une reconnaissance offensive.
27 septembre : Combats de Peltre, de Ladonchamps et de Colombey – Affaire de Peltre, la plus sérieuse, conduite par la brigade Lapasset (du 2e corps), échoue par la trahison d’un espion ; Affaire de Ladonchamps, par les divisions Tixier et Levassor, du corps Canrobert ; Affaire de Colombey, par la division Montaudon, du corps Le Bœuf.
La 2e compagnie du 14e BCP, en tête la brigade Lapasset, monte à l’assaut de Peltre. Le pas de gymnastique entraîne les lignards et le village est à nous.
Le 12e BCP monte dans un train blindé en gare de Metz. La destination est le village de Courcelles-sur-Nied mais à 800 mètres de l’objectif, le train s’arrête car il n’y a plus de rails. Les chasseurs du 12e Bataillon embarqués sautent du train et montent à l’assaut de la gare. Elle est enlevée. Ils poursuivent les 400 Prussiens dans un château transformé en couvent qui tombe à son tour. L’ennemi revient avec des renforts conséquents et impose la retraite. Dans le retour sur Metz, des vivres en grand nombre sont emportés avec 150 prisonniers.
28 septembre : Capitulation de Strasbourg aux conditions de Sedan. Les travaux réguliers de l’assiégeant allaient lui permettre bientôt de donner l’assaut au corps de place.
Ville presque détruite, incendiée par les bombes : 24 maisons seulement complètement indemnes. Pertes de la population civile : 300 tués et 1 1000 blessés, trois fois plus que n’en aura Paris.
La garnison de Strasbourg se composait des 1er, 2e, 3e bataillons du 87e de ligne, du 2° bataillon du 21e de ligne, du 4e du 18e, de la 7e compagnie du 16e BCP, des 3e, 50e, 56e de ligne, 1er zouaves et 3e tirailleurs ; des dépôts des 10e, 13e bataillons de chasseurs, 18e et 96e de ligne ; des 1er, 3e, 4e, 5e bataillons de la garde mobile du Bas-Rhin : d’un bataillon de douaniers ; des 1e et 2e compagnies de francs-tireurs de Strasbourg ; d’une compagnie de tirailleurs de Mulhouse; d’une compagnie de chasseurs volontaires et d’une compagnie franche de la garde nationale ; d’un bataillon de sapeurs-pompiers et d’une garde nationale sédentaire (d’une manière générale, dans toutes les villes fortes, la population forme un corps de sapeurs-pompiers et une garde nationale sédentaire). Tous les détachements réfugiés dans Strasbourg formèrent un régiment de marche qui eut 4 bataillons de 6 compagnies.
Les dépôts des 10e et 13e BCP sont prisonniers de guerre. Ces dépôts comprennent leurs 7e et 8e compagnies ainsi que leur section hors-rang.
28 au 30 septembre : Bourget – Les compagnies du Bataillon de la Garde sont engagées dans cette bataille.
29 septembre : Décret sur la Formation de Bataillons de marche à l’aide des Compagnies des dépôts de chasseurs à pied.
30 septembre : Combats de l’Hay-Chevilly-Thiais-Choisy. – Grande reconnaissance offensive du général Vinoy avec le 13e corps, entre Seine et Bièvre. Objectif principal : détruire le pont qu’on supposait établi sur la Seine à Choisy. Colonnes Dumoulin, Guilhem et Biaise sur l’Hay. Chevilly et Thiais-Choisy; diversions sur les flancs à Châtillon et Créteil. Nous enlevons les avant-postes, mais nous échouons devant la ligne de résistance plus en arrière, sur laquelle le prince royal nous oppose le VIe corps et des fractions du IIe bavarois. Retraite sur le plateau de Villejuif. Tué devant Chevilly : général de brigade Guilhem.
Les compagnies des 8e et 15e BCP s’illustrent à l’attaque de l’Hay-les-Roses. Plus tard, la compagnie du 19e bataillon, en tête de la colonne, se dirige sur Clamart et bouscule violemment les Bavarois installés en défense dans les maisons. Pendant ce temps, les compagnies de la Garde se distinguent aux combats de la Double-Couronne et de Bobigny.
Création du 6e Bataillon de chasseurs à pied de Marche (BCPM), à Vierzon.
Ces nouveaux Bataillons de chasseurs à pied sont formés à partir d’autres Bataillons de chasseurs mais aussi d’unités venant des compagnies de dépôt, de la ligne, des mobilisés, des zouaves, des volontaires, de la classe 70, etc. Les effectifs sont très variés et dépendent de la conjoncture.
La garnison de Verdun se composait des 4e bataillons et des dépôts des 57e et 80e de ligne ; d’un bataillon d’isolés du 8e BCP, 14e, 50e, 61e de ligne, 1er zouaves, 1er, 2e, 3e tirailleurs ; des 2e et 3e bataillons de mobiles de la Meuse ; de la compagnie de francs-tireurs de Verdun ; de la compagnie de carabiniers de Verdun et d’une compagnie de francs-tireurs de Paris.