à Pied, Alpins et Mécanisés

Les chasseurs à pied et la campagne de 1870-1871. Octobre-1870

1er octobre :

Combat de Lessy. — Tentative sans résultat appréciable, dirigée vers Châtel, par la division Lorencez (corps Ladmirault) contre les avant-postes du IXe corps.

Nuit du 1er au 2 octobre :

Combat de Ladonchamps.— La division Levassor-Sorval, dirigée par Canrobert, enlève le château de Ladonchamps à la division de réserve Kümmer.

2 octobre :

Création du 2e Bataillon de Chasseurs à Pied de Marche (BCPM) à Douai.

4 octobre :

Affaire d’Epernon (route de Rambouillet à Chartres) entre des gardes nationaux et mobiles d’une part ; et la 13e brigade de cavalerie, colonel von Alvensleben, soutenue par des fractions d’infanterie du Ier bavarois, d’autre part.

5 octobre :

Combat de Pacy-sur-Eure, entre les mobiles du général Delarue, commandant du corps de l’Eure en formation à Vernon et Evreux, et des fractions de la 3e division de cavalerie commandées par le général-major von Bredow.

Combat de Raon-l’Etape (Vosges), entre la brigade badoise du général-major von Degenfeld, et les troupes du général Dupré (du corps des Vosges), 2 brigades de mobiles et corps francs. Les Français se replient. Ils sont suivis dans la région vosgienne par le XIVe corps, général von Werder, que la reddition de Strasbourg vient de rendre disponible.

Escarmouches de Toury (route de Paris à Orléans). Simple canonnade sans résultat appréciable, entre la 4e division de cavalerie allemande, prince Albrecht, et celle du général Reyau qui couvre les nouvelles troupes françaises en voie d’organisation autour et au sud d’Orléans (13e corps).

Les chasseurs à pied se battent dans le secteur de Toury (4e BCPM).

6 octobre :

Combats d’Etival-Nompatelize-la Bourgonce. — Mêmes troupes et mêmes résultats qu’à Raon-l’Etape.

Création du 5e BCPM à Bourges, du 18e BCPM à Saint-Omer.

7 octobre :

Combats des Maxes, des Tapes, de Ladonchamps, de Sainte-Agathe et Bellevue. — Opération de ravitaillement très importante, mais aussi très meurtrière, dirigée par Bazaine lui-même et exécutée par la Garde et le corps Canrobert contre les Ier, VIIe, IIIe et Xe corps allemands ; diversions du corps Le Bœuf, à droite, sur Vany-Mey-Lauvallier, du corps Ladmirault, à gauche, vers Woippy-Vigneulles.

Après de premiers succès contre les avant-postes, nous échouons devant les lignes fortifiées, positions organisées, de l’adversaire. La retraite est ordonnée et l’opération reste sans résultat appréciable. Tué : général de brigade Gibon.

C’est la dernière affaire. Encore 20 jours, les vivres seront épuisés, et Bazaine capitulera. Dans l’intervalle, intrigues de l’agent Régnier ; missions de Bourbaki, puis du général Boyer auprès de l’Impératrice en Angleterre, ensuite du général Boyer au quartier général allemand à Versailles.

Les chasseurs sont engagés à Noroy (5e BCP), à Saint-Rémy (9e BCP), à Bellevue (Bataillon de la Garde) et à Malroy (2e BCP).

Lucien Pierre Sergent : Scène de bataille de la guerre de 1870

7au 8 octobre :

Affaires d’Ablis (au nord-est de Chartres). — Le 7, un parti de francs-tireurs surprend à Ablis un détachement fort d’une compagnie bavaroise et un escadron, et emmène 70 prisonniers.

Le lendemain, le général-major von Schmidt, à la tête de la 6e division de cavalerie, réoccupe et incendie Ablis.

8 octobre :

Escarmouches de Marolles (au sud d’Etampes), entre des corps francs et la 2e division de cavalerie, lieutenant général von Stolberg.

Attaque, restée infructueuse, de Saint-Quentin par la colonne allemande du colonel von Kahlden composée d’un régiment de cavalerie et de deux compagnies d’infanterie. La ville était défendue par la garde nationale sédentaire que dirigeait le préfet de l’Aisne, Anatole de la Forge.

Création du premier 8e BCPM à Orléans.

9 octobre :

Combat de Gisors. — Défense infructueuse de la ville par les habitants et par quelques compagnies de mobiles du corps Gudin, en formation à Rouen, contre la colonne du général-major prince Albrecht (fils) : 2 brigades de cavalerie soutenues par des fractions d’infanterie.

Affaires de Rambervillers.— La garde nationale sédentaire, commandée par le major Petitjean, dispute l’entrée de la ville à la colonne du major von Barkfeld, fraction du XIVe corps.

10 octobre :

Combats d’Angerville-Creusy-Artenay-la Croix-Briquet.—Le grand état-major allemand, croyant à une organisation plus sérieuse de l’armée de la Loire, dirige sur Orléans le général von der Thann avec une fraction d’armée détachée du siège de Paris et comprenant : le Ier corps bavarois, la 22e division d’infanterie, les 2e et 4e divisions de cavalerie. Le général de la Motterouge, commandant du 13e corps, ne s’attend pas à cette offensive : il n’a pas ses troupes sous la main. Les divisions d’infanterie Peytavin et de cavalerie Reyau cèdent à la poussée enveloppante de l’adversaire en se défendant très mollement.

Gambetta, parti de Paris en ballon le 7 arrive à Tours.

Pendant ce temps, les Bataillons de marche se battent à Arthenay (4e et 8e BCPM).

11 octobre :

Combats de Brouvelieures et Bruyères (Vosges), livrés par le corps des Vosges du général Cambriels, 3 brigades de mobiles et francs-tireurs, à la brigade badoise du général-major Keller.

Cambriels, battu, quitte la région vosgienne et se replie vers Besançon, où il va renforcer et réorganiser son armée des Vosges.

Le XIVe corps allemand, Werder, le suit et descend dans la vallée de la Saône.

Combats autour d’Orléans et première occupation de la ville par les Allemands. — Les troupes de la Motterouge, dispersées et mal dirigées, sont refoulées par celles de von der Thann au cours d’une multitude de petites affaires engagées sur la route, dans la forêt et jusque dans les faubourgs nord de la ville. Finalement, le 13e corps français abandonne Orléans et continue sa retraite sur la rive gauche de la Loire, dans la direction de Salbris

Cependant, les Allemands éprouvent les plus grosses difficultés dans les combats de rue face aux chasseurs dans le faubourg Bannier et au château des Bordes (5e BCPM), et à Orléans (les rescapés du 4e BCPM, 6e et 8e BCPM, 8es compagnies des 3e et 9e BCP).

Création du 3e BCPM à Rennes.

Nuit du 10 au 11 octobre :

Heureux coup de main de la garnison de Montmédy sur Stenay. — Trois petites colonnes, conduites par les lieutenants Camiade, Pillières et de Lort-Sérignan, en tout 230 hommes environ, surprennent la garnison allemande de Stenay et font prisonniers 230 Allemands, parmi lesquels le colonel commandant d’étapes et 4 autres officiers.

11 octobre :

Combats autour d’Orléans et première occupation de la ville par les Allemands. —Les troupes de la Motterouge, dispersées et mal dirigées, sont refoulées par celles de von der Thann au cours d’une multitude de petites affaires engagées sur la route, dans la forêt et jusque dans les faubourgs nord de la ville. Finalement, le 13e corps français abandonne Orléans et continue sa retraite sur la rive gauche de la Loire, dans la direction de Salbris.

12 octobre :

Combats d’Epinal entre l’arrière-garde de Cambriels et le gros de la division badoise, lieutenant-général von Glümor.

Le général d’Aurelle de Paladines prend à Salbris le commandement des troupes de la Loire, en remplacement du général de la Motterouge, destitué par Gambetta.

Réorganisation des 13e et 16e corps et préparatifs d’offensive par la rive droite de la Loire, sur la direction Blois-Coulmiers-Artenay.

Objectif exclusif et direct des armées de province jusqu’à la fin de 1870 : débloquer Paris.

15e corps : 1e division, 1e brigade : 4e BCPM ; 2e division, 1e brigade : 5e BCPM ; 3e division, 1e brigade : 6e BCPM

16e corps : 1e division, 1e brigade : 8e BCPM ; 2e division, 1e brigade : 7e BCPM ; 3e division, 1e brigade : 3e BCPM

17e corps : 1e division, 2e brigade : 11e BCPM ; 2e division, 1e brigade : 10e BCPM ; 3e division, 1e brigade : 1er BCPM

18e corps : 1e division, 1e brigade : 25e BCPM ; 2e division, 1e brigade : 12e BCPM

20e corps : 2e division, 1e brigade : 7e BCPM

Création du 7e BCPM à Tours.

13 octobre :

Combats de Bagneux-Châtillon-Clamart. — Reconnaissance conduite par Vinoy avec la division Blanchard, du 13e corps, et la brigade la Charrière, du 14e.

Nous ne réussissons pas à vaincre la résistance que le IIe bavarois, général von Hartmann, nous oppose dans ces trois localités. La retraite est ordonnée par Trochu lui-même.

Création du 1er BCPM à Tours.

13-14-15 octobre :

3e bombardement de Verdun par le corps de siège aux ordres du général-major von Gayl, successeur de Bothmer. La place continue de résister. Le bombardement est suspendu, mais les batteries de l’ennemi ne sont pas désarmées.

15 octobre :

Capitulation de Soissons, après une résistance mal dirigée et trop peu prolongée. Défenseurs : lieutenant-colonel de Noue, 3 000 hommes. Assaillant : grand-duc de Mecklembourg et gros du XIIIe corps.

18 octobre :

Défense de Châteaudun par un millier de francs tireurs et gardes nationaux, que commande le lieutenant-colonel Lipowsky (ancien lieutenant du 10e BCP), contre la colonne du général-major von Wittich, 22e division d’infanterie et 4e division de cavalerie.

Pour punir la ville de sa résistance, Wittich la saccage de sang-froid après le combat, et l’incendie en partie au pétrole.

Création du 4e BCPM à Argent (Cher).

20 octobre :

Sous Verdun : combat de la côte Saint-Michel. — Deux compagnies, sorties de la place, surprennent la grand’garde allemande préposée à la garde des batteries du dernier bombardement, enclouent 15 pièces et font 50 prisonniers.

21 au 24 octobre :

Combats sur l’Ognon (aux abords nord de Besançon) : Etuz, Voray, Châtillon-le-Duc, Auxon, Ecole. Entre l’armée des Vosges, général Cambriels, et le gros du XIVe corps, général von Werder. Celui-ci, ne prévoyant pas une résistance aussi énergique, avait cru pouvoir enlever Besançon d’un coup de main ; déçu dans son espoir, il se reporte dans la vallée de la Saône et vers Dijon.

Le mois suivant, Cambriels, malade, est remplacé par Crouzat ; le gros de l’armée des Vosges devient le 20e corps, lequel est appelé vers la Loire.

Deux autres corps indépendants se forment dans la région : division Cremer à Beaune, corps Garibaldi à Autun.

Ce dernier corps reprendra plus tard la dénomination d’armée des Vosges, en décembre.

21 octobre :

Retour offensif des Allemands sur Saint-Quentin et occupation de la ville par la colonne, renforcée, du colonel von Kahlden : fractions de la 2e division de landwehr et de la 17e division, en tout 3 régiments de cavalerie et 3 bataillons.

Combat de la Malmaison, engagé par Ducrot avec les meilleurs éléments du 14e corps, colonnes Berthaut, Noël et Cholleton, contre le Ve corps, général von Kirchbach, et la division de la landwehr de la garde. Comme d’habitude, premiers succès sur la ligne des avant-postes, échec sur la ligne de résistance, puis retraite.

8e Cie du 4e BCP, 7e Cie du 6e BCP, 7e Cie du 9e BCP, 7e Cie du 12e BCP.

Étienne Prosper Berne-Bellecour : Les Tirailleurs de la Seine au combat de Rueil-Malmaison le 21 octobre 1870

Création du second 8e BCPM à Laval et du 9e BCPM à Rochefort.

22 octobre :

Cussey sur l’Ognon et Chatillon le Duc (16e BCPM)

24 octobre :

Capitulation de Schlettstadt, consentie précipitamment par le commandant supérieur, chef de bataillon de Reinach, à cause d’une sédition populaire et militaire. Assaillant : général-major von Schmeling, avec le gros de la 4e division de réserve et des fractions de la 1re.

25 octobre :

Combat de Binas, lisière de la forêt de Marchenoir, derrière laquelle se concentrent les troupes de l’armée de la Loire. Affaire d’avant-postes de la compagnie des francs tireurs de Saint-Denis, 38 hommes, commandant Liénard, contre une forte reconnaissance de la 2e division de cavalerie, lieutenant général von Stolberg.

Les francs-tireurs sont tous, ou tués, ou grièvement blessés, à leur poste.

26 octobre :

Escarmouche d’Anet (au nord de Dreux) entre des corps irréguliers et la 6e division de cavalerie, général major von Schmidt.

27 octobre :

Capitulation de Metz, conclue à Frescaty (au sud de Metz), quartier général du prince Frédéric-Charles, entre les deux chefs d’état-major, général Jarras et général major von Stiehle ; ratifiée le lendemain par les deux commandants en chef, Bazaine et Frédéric-Charles. Conditions : reddition de la place, des forts et de tout le matériel de guerre, y compris les drapeaux; l’armée, prisonnière de guerre, sera emmenée en captivité en Allemagne.

Combat pour défendre la ligne de chemin de fer de Rouen à Formerie. Les Prussiens, après quelques jours d’escarmouches, arrivèrent en nombre afin de couper la ligne de communication et, par conséquent, d’isoler complètement Amiens. Le combat fut assez vif et les chasseurs, secondés par les mobiles, tinrent bon et repoussèrent vaillamment l’ennemi qui, après des pertes sensibles dût se retirer et incendia le village de Bouvresse.

Bouvresse (2e BCPM)

28 octobre :

Désarmement de l’armée de Metz. — Les jours suivants, elle est emmenée en captivité en Allemagne ; elle y laissera à elle seule 11 000 morts, alors qu’elle n’a perdu que 4 000 tués depuis le commencement de la campagne jusqu’au 28 octobre.

Les drapeaux sont versés à l’arsenal de Metz pour y être incinérés, suivant les consignes de Bazaine. Une partie de l’étoffe du drapeau des chasseurs à pied de la Garde échappe à cette incinération.

Les chasseurs à pied de la Garde et leur drapeau

28 octobre :

Premier combat du Bourget. — Le bataillon parisien des francs-tireurs de la Presse, commandant Roland, du corps de Saint-Denis (général Carré de Bellemarre), surprend les postes du Bourget et chasse de cette localité les grand’gardes de la 4e brigade de la gardé prussienne.

Les compagnies du Bataillon de chasseurs à pied de la Garde sont engagées.

Sous Verdun : combats de Belleville et de Glorieux. — Nouvelle sortie heureuse de la garnison, menée simultanément par les deux rives de la Meuse. Les Allemands sont définitivement chassés de Belleville et Glorieux, leurs postes avancés ; ils perdent une centaine d’hommes, et nous mettons encore 12 pièces hors de service.

Combat de Formerie (entre Amiens et Rouen). — Le corps de l’Andelle, général Briand, remporte un petit succès sur le détachement du général-major Sennft von Pilsach : une brigade de cavalerie saxonne et des fractions d’infanterie et d’artillerie de la garde prussienne (IVe armée).

29 octobre :

Occupation de Metz par les Allemands. — Est nommé gouverneur de la ville : le lieutenant-général von Kümmer. La IIe armée, Frédéric-Charles, est immédiatement dirigée vers le centre de la France, contre les formations nouvelles de la Défense nationale. La Ire, Manteuffel, évacue d’abord les prisonniers ; puis elle assiège les places du Nord-Est, et marche vers le Nord, en traversant l’Argonne et la Champagne.

Théodore Devilly : Les Adieux des soldats à leurs officiers dit « Les Adieux »

30 octobre :

Deuxième combat du Bourget. — Les troupes de Carré de Bellemarre sont attaquées et presque enveloppées dans le Bourget par trois brigades de la garde, prince Auguste de Wurtemberg. Le Bourget nous est repris.

En cette circonstance, la garde prussienne, se souvenant sans doute de Saint-Privat, inaugure la nouvelle méthode de combat : en ordre dispersé, avec tirailleurs, renforts et soutiens, et action débordante vers les flancs de l’adversaire.

Les compagnies du Bataillon de la Garde se battent toujours au Bourget.

Combats de Saint-Apollinaire et de Dijon, livrés par le gros de la division badoise, lieutenant-général von Beyer, aux défenseurs de Dijon, gardes nationaux ou mobiles, commandés par le colonel de gendarmerie Fauconnet ; ce dernier est tué et les Badois occupent Dijon.

Saint-Apollinaire (1 compagnie de chasseurs à pied).

Création du 10e BCPM à Avignon.

31 octobre au 6 novembre :

Négociations de Versailles en vue d’un armistice jusqu’au 6 novembre entre Thiers et Bismarck. Ce dernier consent à l’armistice, mais refuse le ravitaillement de Paris pour une durée proportionnelle.

L’émeute du 31 octobre, en discréditant le gouvernement français, motive de nouvelles exigences comme garanties : les négociations sont rompues.

31 octobre :

Emeutes à Paris, la Commune est un proclamée, à la suite des mauvaises nouvelles : insuccès du Bourget, capitulation de Metz, bruits d’armistice, fondés sur les allées et venues de Thiers au quartier général allemand de Versailles. Trochu et les ministres sont, durant plusieurs heures, prisonniers des bandes de Flourens, à l’Hôtel de Ville. Quelques bataillons fidèles de la garde nationale délivrent le gouvernement. Celui-ci n’ose sévir et se soumet au contraire à un plébiscite parisien.